I am sick, sick. With this desperate fury.

La glace se fendille et termine par totalement se fissurer, cédant la place au feu infernal et destructeur. La brune venait de recevoir un coup de téléphone, au beau milieu de la nuit, pour lui annoncer que son jeune frère était en garde à vue. Et c'était à ce moment précis, qu'une question malmena son esprit déjà bien échauffé. Quand est-ce qu'Ez avait grandi déjà ? À en croire ses nombreuses frasques, depuis un moment. Horrible réalité, qui fait doucement soupirer la jeune femme déjà en route pour le commissariat. Les réminiscences des tendres moments passés auprès des siens, submergent sa caboche à la manière d'un kaléidoscope. Elle se revoit, à peine âgée de douze ans et déjà ballottée par la vie, à la manière d'un paquet indigne d'attention toute particulière. Les débuts chez les Fairchild avaient été compliqués, et peu facilités par le caractère belliqueux de la gamine déjà farouche à l'époque. Pourtant, pas un seul membre de la tribu n'avait baissé les bras face à la tornade brune. Pas même Ez, qui l'avait salement amochée d'un amour fraternel inconditionnel. Elle en avait eu le souffle coupé Laya, de voir la puissance avec laquelle une personne pouvait offrir sans même demander de retour. L'être humain avait dès lors retrouvé un semblant d'espoir à travers le regard biaisé de la môme encore enlisée dans les méandres d'un passé tumultueux. Ô, oui, elle s'en souvient encore comme si c'était hier. De ce gamin de neuf ans, qu'elle dépassait encore de deux têtes à l'époque. Les rôles avaient été inversés, c'est lui désormais qui l'a surplombe de toute sa hauteur. Mais Laya resterait toujours et à jamais l'ainée, et c'était bel et bien à elle d'essuyer les fautes de ses cadets.

Derrière son volant, la jeune femme est tétanisée, lui prouve la douleur lancinante qui paralyse sa nuque. Mais, c'est son courroux qui manque bien de s'enrouler autour de ses entrailles, lorsque sa voiture s'approche de la rue où le commissariat siège. Où est-ce que les Fairchild avaient merdé pour que le garçon se trouve à errer derrière des barreaux ? Autant de questions sans réponses, que de balles reçues en plein coeur face à cet échec cuisant. À la lumière des fantômes de ce passé, Laya s'adonne à une bataille silencieuse. Cinq minutes. C'est la force dont la brune a besoin d'imprimer, à sa carcasse percluse d'appréhension, pour finalement quitter l'antre de son véhicule. Cinq de plus, et la voilà qui s'engouffre dans l'antre du diable. Machinalement, elle se dirige à l'accueil et tente d'insuffler à sa voix suffisamment de fermeté. — Je viens payer la caution du dénommé Ez Fairchild. Quelques paperasses signées, et le briguant lui est amené à la manière d'un condamné au peloton d'exécution. Peut-être que l'allusion est appropriée à la situation, car c'est un regard brûlant de colère qu'elle lance à son cadet. — Ez. J'espère que tu as une bonne excuse, il est deux heures du mat, qu'elle siffle entre ses dents serrées tout en empoignant le poignet du solide gamin. Tu m'es redevable, sinon les parents en entendront parler. Et voilà que la sentence est lancée, aucun doute ne plane désormais.